Et ces êtres sans pénis ! de Chahdortt Djavann

L’autrice choisit un titre choc pour exprimer sa frustration sur l’inégalité homme/femme en Iran et centre son récit sur différentes histoires de femmes qui ont vécu l’injustice en Iran. Avec son regard en tant que personne vivant en France depuis des dizaines d’années mais avec un attachement fort à son pays d’origine, elle raconte également ses propres histoires.

L’autrice a un style efficace, elle réussit à embarquer le lecteur assez facilement dans son univers et loin d’aligner des phrases chocs, elle raconte une véritable trame de toutes ses femmes qui tentent de vivre à leur manière dans un régime trop souvent oppressif pour elles. De plus, l’autrice arrive à créer une véritable cohérence thématique de tous ces fragments de vie.

Bref, un récit souvent difficile à lire par la cruauté de ce qui est évoqué mais avec un style entraînant.

Anxiété de Scott Stossel

Ce livre raconte à la fois les mésaventures personnelles de Scott Stossel face à l’anxiété et les différentes stratégies qu’il a utilisées pour y faire face ainsi qu’un essai plus global sur le sujet de l’anxiété à travers les différentes disciplines. Il s’agit d’un livre complexe à lire parce qu’il est complet et parce qu’il traite de nombreux sujets très différents. Il faut vraiment prendre le temps d’apprécier son ouvrage sans vouloir le lire trop vite car il réussit à approfondir les différentes thérapies utilisées pour traiter l’anxiété notamment comme la psychanalyse, les thérapies cognitivo-comportementales et les médicaments.

Loin de se faire l’apologie d’une thérapie plutôt que d’une autre, l’auteur réussit le pari de rester neutre tout en discutant de sa propre expérience avec les différentes thérapies. De plus, Scott Stossel a écrit un livre publié et traduit dans de nombreuses langues et semble avoir une carrière fructueuse en tant que journaliste ce qui est très enthousiasmant pour les anxieux comme lui.

Bref, à recommander pour tous les gens qui souffrent d’anxiété et pourraient se reconnaître dans son expérience et se sentir moins seuls ainsi qu’aux gens qui ne comprennent pas le fléau que peut représenter l’anxiété.

Mers mortes de Aurélie Wellenstein

J’ai entendu beaucoup de bien de cette autrice et l’intrigue écologiste me plaisait énormément ce qui m’a poussée à l’acheter un jour. Je dois dire que j’ai été happée très rapidement par l’ambiance très sombre de l’histoire. J’adore l’intrigue que l’autrice met en place avec notamment la vengeance des animaux morts sur les humains et la quête désespérée des derniers humains pour sauver la planète.

Aurélie Wellenstein réussit à nous plonger dans ce monde post-apo avec des personnages tous détestables ou presque qui restent humains malgré tout et avec lesquels on s’attache assez vite. Alors que je n’aime pas particulièrement l’univers des pirates, j’ai particulièrement adoré le monde à la fois glauque et réaliste que décrit l’autrice et qui nous attend probablement un jour. Si la fin m’a déçue, je reste très admirative de son univers.

Bref, un style fort et une autrice engagée.

Plume de Mélodie Smacs

Je ne suis pas particulièrement fascinée par l’univers des sirènes et pourtant, après avoir lu Pourpre de la même autrice, j’ai voulu enchaîner par un autre roman et surtout, la couverture est absolument magnifique.

Les nouvelles sont globalement inégales. La première est certes émouvante mais je la trouve moins profonde et poignante que les autres. La deuxième est un régal en termes de romance d’été avec tous les codes associés aux sirènes habituellement et elle se lit également avec beaucoup de plaisir. Cependant, ma préférée reste la troisième, avec deux êtres brisés par la vie qui se retrouvent, et le message d’espoir et de reconstruction est assez fort. J’ai surtout particulièrement apprécié le fait que ses nouvelles soient à la fois indépendantes et en même temps se complètent avec beaucoup de finesse et d’intelligence.

Bref, entre la couverture magnifique, le style inimitable de l’autrice et un monde incroyable, j’ai adoré lire ces nouvelles.

Dix minutes de Morgane Stankiewiez

J’avais déjà lu et adoré le roman Sextape de la même autrice et j’étais donc très curieuse de lire une nouvelle romance de la même autrice. Pour ceux qui aiment les romances et qui n’ont lu aucun des deux romans, je conseillerais tout de même de commencer par celui-là avant d’entamer Sextape qui est pour moi beaucoup plus abouti dans ces thématiques et dans son écriture.

Ce livre raconte l’histoire de Lucie, une fille brisée par l’amour et par un travail qu’elle déteste qui va redécouvrir comment apprécier la vie au contact de Morgane, une artiste et amie de sa meilleure amie. Ce livre va donc montrer le développement de cette relation lesbienne avec un brin de BDSM (pour ceux qui ne supporteraient pas ce thème, je dois avouer que c’est assez léger et que cela ne m’a pas du tout dérangée personnellement).

Ce roman est à la fois touchant, authentique et maladroit. Les personnages sonnent vrais, je me suis complètement identifiée à Lucie au point que j’ai plusieurs fois réfléchi à mes propres choix de vie et je pense que ce roman est parfaitement indiqué pour des gens qui sont dans un croisement de leur vie. Il est maladroit dans son style trop souvent didactique mais d’une maladresse qui colle avec l’héroïne qui essaie de trouver son style et sa manière d’être et si cela m’aurait dérangé dans un autre roman, j’ai trouvé cette romance attendrissante et profondément vraie.

Bref, une romance lesbienne certes un peu maladroite mais qui a réussi à me toucher personnellement et à me questionner sur ma vie donc j’approuve totalement.

Le féminisme de Anne-Charlotte Husson et Thomas Mathieu

Il s’agit d’un tout petit essai très rapide à lire concernant le féminisme. Il est avant tout destiné à des gens novices qui n’y connaissent absolument rien ou des jeunes enfants qui veulent découvrir et s’instruire. Si la lecture est fluide et agréable, je dois avouer que j’ai été un brin déçue car je n’ai rien appris de neuf sur ce sujet, étant donné que je suis déjà informée sur le sujet.

Bref, une petite déception de mon côté même si ça plaira au public concerné.

Soie de Baricco

Mon professeur d’italien me l’avait conseillé et j’avais entendu beaucoup de bonnes critiques sur ce roman donc j’avais des attentes sans doute irréalistes. Toujours est-il que je j’étais plutôt déçue devant ce livre.

Il est court, trop court et se lit sans aucun doute assez rapidement. Il s’agit de l’histoire d’amour entre un homme français et une femme mystérieuse avec qui il ne parlera jamais. J’ai toujours eu du mal à trouver crédible ce genre d’histoires coup de foudre et littéralement, il ne se passe strictement rien entre eux. Cependant, le contexte historique est plutôt bien réfléchi et j’ai apprécié de découvrir l’histoire de la soie sous la forme d’un petit livre. Je ne m’attendais pas du tout à trouver cette histoire aussi passionnante et ça m’a donné envie d’en savoir plus.

Bref, une histoire d’amour survendue mais un contexte historique fascinant.

Presqu’îles de Yan Lespoux

Il s’agit d’un recueil de nouvelles sur le Médoc des Landes, un territoire où l’auteur se fait un plaisir de mettre en avant des personnages qu’on oublie souvent dans la littérature, les pauvres, les SDFs, les paysans, les gens du terroir et sans aucune compassion ni misérabilisme, il n’hésite pas à écrire des petites nouvelles piquantes sur les personnages qu’il décrit.

L’intérêt du livre ne réside pas forcément dans les longues descriptions de paysages, même si elles sont présentes mais plutôt dans les différents portraits qu’on découvre à travers chaque nouvelle. J’ai beaucoup aimé son style d’écriture et je regrette juste que chaque nouvelle soit si courte.

Bref, même si je n’apprécie que peu le format nouvelle, je dois admettre qu’il a un grand talent.

La moustache d’Emmanuel Carrère

Voici un roman presque à la hauteur du chef d’œuvre Le Nez de Gogol. Le pitch semble totalement ridicule, il s’agit d’un homme qui décide un beau jour de se raser la moustache et s’étonne quand sa femme ne le remarque pas et même pense l’avoir vu sans moustache depuis toujours. On entre dans la vie tranquille et bourgeoise d’un monsieur chaque qui il ne se passe jamais rien et rapidement, le récit tombe dans du fantastique et met le lecteur au défi de comprendre cette histoire.

Entre l’humour et le malaise glacial, l’histoire hésite et instille une atmosphère troublante tout au long du récit et la force de l’auteur est de ne jamais offrir au lecteur une explication valide. On est réduit à contempler l’histoire sans vraiment comprendre ce qui s’est passé.

Bref, un coup de cœur inattendu sur une histoire somme toute banale.

The Murders in the Rue Morgue de Edgar Allan Poe

Il s’agit d’une histoire ultra connue, une des premières nouvelles de roman policier et je l’avais déjà probablement déjà lue autrefois, j’avais un vague souvenir de l’intrigue. Le début est sympathique et j’avoue que j’ai beaucoup apprécié le style de l’auteur et la manière dont il présente ses personnages et son intrigue. Malheureusement, j’étais déçue par la fin, qui reste finalement assez invraisemblable par rapport aux romans policiers que je lis en général, j’ai du mal à croire que les gens ont pu adhérer à cette fiction à l’époque.

Bref, une nouvelle rapide et sympathique à lire mais attention à ne pas en attention trop par rapport aux standards modernes et surtout pour les fans d’Agatha Christie dont je fais partie.